Si on sait depuis quelques années maintenant que l’Europe est le prochain terrain de conquête de la Country Music, très présente au Royaume-Uni ou dans les pays nordiques, se pourrait-il que la France devienne aussi un lieu important de la culture Country en dehors des frontières américaines ?
Rien n’est moins sûr, tant l’offre de concerts qualitatifs est aussi aride que la Vallée de la Mort en plein mois de juillet. Pourtant hier, le 8 octobre 2023, une oasis est apparue en la personne de Luke Combs, qui a transformé la salle de spectacle La Cigale en véritable Honky-Tonk made in Nashville, Tennessee.
Retour sur cette soirée exceptionnelle où nous avons eu la chance d’écouter et de voir sur scène le plus grand artiste Country de ces cinq dernières années en termes de chiffres, de récompenses, etc.
Qui est Luke Combs ?

Avant de rentrer en détail sur le concert, petit retour sur la carrière si jeune, mais déjà vertigineuse de Luke Combs, un artiste Country né en 1990 à Ashville, Caroline du Nord.
C’est en 2015 que sort « Hurricane », son premier hit, qui deviendra également son premier single N°1 en 2017. À partir de là, tout s’enchaîne très vite, succès après succès.
Il compte aujourd’hui de très nombreux prix et distinctions comme le « New Country Artist of the Year » en 2018 par les iHeartRadio Music Awards ou encore les CMA (Country Music Association) Awards. En 2019, il remporte de nombreux awards comme celui de l’artiste country de l’année lors des Billboard Music Awards qui regroupe tous les styles de musique.
Nominé 2 fois aux prestigieux Grammy Awards (qu’il n’a pas encore gagné), il compte à ce jour 18 récompenses prestigieuses et plus de 46 nominations.
Ses 4 albums, tous distribués sous le label Columbia Nashville, enregistrent plus de 1,5 millions de vente aux USA et sont déjà tous certifiés disques de platine, sauf le tout dernier « Gettin’ Old » sorti en mars 2023, qui n’est « que » disque d’or pour l’instant !
Pour les adeptes de la Country Music des années 90, l’impact de Luke Combs sur la musique est similaire à celui de Garth Brooks il y a 30 ans, avec des tournées mondiales qui se remplissent en quelques minutes et des chiffres qui font tourner la tête ! Sur 17 singles sortis en radio, 16 ont atteint la première position des charts Country, c’est dire…
Luke Combs à Paris, un évènement !
Les présentations maintenant faites, ça va être plus facile de vous faire comprendre l’évènement que représente la venue d’un artiste comme Luke Combs en France, surtout dans un lieu aussi intime que la Cigale, qui ne peut contenir qu’environ 1000 personnes maximum (le show était à guichet fermé hier soir).
Après plusieurs dates aux Etats-Unis et en Australie, dans certains des plus grands stades du monde, l’artiste de Caroline du Nord pose donc ses valises en Europe. Lui qui est habitué à jouer devant des foules déchaînées (il a d’ailleurs battu le record d’affluence du Nissan Stadium de Nashville en avril 2023, en jouant devant 95 000 personnes), c’est un véritable retour au source de jouer devant « si peu » de personnes.

Il l’a d’ailleurs évoqué à plusieurs reprises pendant le concert… Ca faisait plusieurs années qu’il n’avait pas eu la chance de jouer dans une salle de cette taille, un fait qui rend cette performance exceptionnelle car la communion avec le public était tout simplement folle. Je ne sais pas quand remonte la dernière fois qu’il a pu toucher son public du bout des doigts, recevoir des vêtements de fans sur scène ou même descendre une bière « cul-sec » avec un spectateur du premier rang, mais ce n’est pas le genre de chose qui a dû arriver trop souvent ces dernières années.
Une première partie de haute volée
Même si son style musical est très contemporain, flirtant souvent avec la country-rock, Luke Combs est 100% Country, puisant son inspiration dans ce qui se fait de mieux de l’autre côté de l’Atlantique. Pour la partie Européenne de sa tournée, il a décide de faire briller dans un premier temps certains des auteurs qui ont écrit avec lui certains de ses plus gros hits.

Dans la pure tradition des Writers Rounds de Nashville, ces concerts acoustiques où les auteurs compositeurs se retrouvent en cercle sur scène pour jouer leurs chansons à la guitare en racontant les histoires derrières les textes, la soirée a débuté vers 19h avec l’arrivée sur scène de Drew Parker, Ray Fuelcher et James McNair.
Si on peut regretter le fait qu’une certaine partie du public assez imbibée d’alcool ne respecte pas les artistes qui ouvrent les concerts, ces trois artistes ont délivré une très bonne performance acoustique, ce qui est loin d’être facile…
Vers 20h, c’est le groupe 49 Winchester qui a pris la scène pour un set d’environ 10 morceaux. Ici, place à la « vraie country », la Pedal Steel étant d’ailleurs mis en avant sur la scène, au même titre que le chanteur ou le lead guitariste. En tant que gros fan du groupe depuis leurs débuts, je m’estime extrêmement chanceux d’avoir pu les voir jouer avant qu’ils n’explosent vraiment et se retrouvent, eux aussi, à remplir les plus gros stades… Car oui, vous entendrez parler de 49 Winchester pendant très longtemps, je vous le garantis !

D’ailleurs, je vous mets ici une playlist Spotify reprenant les morceaux joués par le groupe originaire de Castlewood, Virginie, le berceau de la « Country des Appalaches ».
Un véritable show à l’américaine
À 21h, les lumières s’éteignent, « Sweet Caroline » de Neil Diamond retentit dans la salle pour chauffer le public, suivi du mythique « Thunderstruck » d’AC/DC qui permettra au groupe de se mettre en place, tout en chauffant à blanc le public (qui était déjà chaud bouillant).
Luke Combs arrive sur scène, chemise noir, jean, casquette et boots, une tenue simple qui confirme, si c’était nécessaire, qu’on a affaire ici à un artiste authentique qui sait d’où il vient. Pas de paillettes ni d’artifices, « This is the Real Deal » comme on dit.
Le tube « Lovin’ on You » est le morceau choisi pour entamer le concert, un excellent choix qui permet à tout le public (international ce soir là, avec de nombreuses personnes venant du monde entier) de chanter à l’unisson. Il faut dire qu’avec autant de N°1 à son actif, tous les fans présents lors du concert connaissaient les morceaux sur le bout des doigts !
Tous les morceaux les plus emblématiques de la carrière de Luke ont été joués, comme « One Number Away », « Beautiful Crazy » (un magnifique morceau écrit pour sa femme, alors qu’il venait à peine de la rencontrer à l’époque), « Hurricane » ou encore la superbe reprise du mythique « Fast Car » de Tracy Chapman.

D’un point de vue technique, je regrette le fait que l’acoustique de La Cigale faisait surtout ressortir la batterie et la basse. La voix de Luke Combs étant, à certains moments, vraiment camouflée, notamment lorsqu’il parlait entre les morceaux. Le banjo, la Pedal Steel et même, assez bizarrement, les guitares, étaient moins présentes dans le mix, ce qui s’est fait ressentir à certains moments, notamment au niveau des solos.
Comme je le disais plus haut, Luke Combs aime faire briller les artistes autour de lui… Ce qui a été le cas quand il a laissé la scène à ses musiciens en milieu de concert qui ont, chacun leur tour, interprété certains de leurs morceaux préférés : « Dust on the Bottle » de David Lee Murphy, « Meet in the Middle » de Diamond Rio ou encore, plus surprenant, « Flowers » de Bruno Mars.
Avec plus de 20 morceaux interprétés avec brio, l’artiste originaire d’Ashville a été très généreux avec son public, offrant même un morceau supplémentaire qui n’était pas prévu à la fin du concert à la demande des fans criant « One More Song », alors que le concert était terminé depuis plusieurs minutes et que Luke Combs avait entamé les dédicaces de casquettes, t-shirts et même Converse des fans du premier rang.
Nous avons eu le droit à un concert de haut vol avec un Luke Combs au top vocalement et des moments qui resteront gravés dans la mémoire des personnes présentes dans la salle, comme cette demande en mariage pendant le morceau « Forever after All » ou la bière descendu en mode « shotgun » pendant le très énergétique « 1, 2 Many ».
Vous pouvez retrouver ci-dessous la setlist du concert ainsi qu’une playlist Spotify reprenant ces morceaux si vous souhaitez découvrir ou revivre ce concert :
- Lovin’ on You
- Hannah Ford Road
- Cold as You
- One Number Away
- Love You Anyway
- Going, Going, Gone
- Refrigerator Door
- Must’ve Never Met You
- Beautiful Crazy
- Medley Dust on the Bottle / Meet in the Middle / Flowers
- Forever After All
- Fast Car
- She Got the Best of Me
- Hurricane
- 1, 2 Many
- When it Rains it Pours
- Beer Never Broke My Heart
- Better Together
- The Kind of Love We Make
- Where the Wild Things Are
Pour conclure cet article, je tiens vraiment à remercier les personnes qui ont pu rendre la venue d’un tel artiste en France possible, en espérant que le succès de la soirée en inspire d’autres !
La foule en délire d’hier soir a prouvé qu’il est possible de vivre des vrais moments musicaux en dehors des traditionnels bals de danse en ligne qui regroupent habituellement autant de fans de Country Music que de végétariens dans un Buffalo Grill.
France loves Country Music !